11/12/2009

♯ 6 Interlude musicale : Covers.



La reprise est un exercice intéressant certes, mais au combien risqué. En effet, au compteur, nombreux sont les titres qui furent massacrés par des artistes un peu trop audacieux, pour ne pas dire prétentieux. Ne valant pas la peine d'être même cités, nous préférons nous attarder ici sur les petites perles d'autres aventureux talentueux.
Et parce qu'il est toujours bon de partager coups de coeur et découvertes, nous vous invitons à compléter la liste qui suit en proposant à votre tour quelques morceaux choisis.

 



Découvrez la playlist Covers... avec Ryan Adams



Hurt - Johnny Cash 2003 (orig. Nine Inch Nails 1994)


The man who sold the world - Nirvana 1993 (orig. David Bowie 1971)


Light my fire - Shirley Bassey 1970 (orig. The Doors 1967)


Black Steel - Tricky 1995 (orig. Public enemy 1988)


Wonderwall - Ryan Adams 2004 (orig. Oasis 1995)


Hallelujah - Jeff Buckley 1994 (orig.1994)


All along the watchtower - Jimi Hendrix 1968 (orig. Bob Dylan 1967)


Summertime - Scarlett Johansson 2006 / Janis Joplin 1968 (orig. George Gershwin 1935)


Running up that hill - Placebo 2006 (orig. Kate Bush 1985)


American Woman - Lenny Kravitz 1998 (orig. Guess Who 1970)


Everybody's gotta learn sometimes - Beck 2004 (orig. The Korgis 1980)


Simple Man - Deftones 2005 ( orig. Lynyrd Skynyrd 1973)


It's not over yet - 2006 The Klaxons (orig. Grace 1995)


High & Dry - Jamie Cullum 2002 (orig. Radiohead 1995)


Et aussi...


I shot the sheriff - Eric Clapton 1974 (orig. Bob Marley 1973)



I just don't know what to do with myself - The White Stripes 2003 (orig.Muddy Waters 1954)



Miss you - Jamiroquai (orig. The Rolling Stones 1978)



Lullaby - Jimmy Page & Robert Plant (orig. The Cure 1989)



Knockin' on Heaven's door - Guns'N'Roses 1991 (orig. Bob Dylan1973)



Rockin in the free world - Pearl Jam (orig. Neil Young 1989)



Darling Nikki - Foo Fighters 2003 (orig. Prince 1984)



New York New York - Cat Power 2008 (orig. Frank Liza Minelli 1977 / Frank Sinatra 1980)


20/11/2009

# 5 Interview de Pony Pony Run Run



PPRR: pop amusée et assuméé

Parce qu'ils ont déversé tout l’été leur pop sucrée légère et dynamisée dans nos oreilles, les Pony Pony Run Run sont les nouveaux responsables de notre envie d’exil exotique.
Avec leur premier titre Hey you, les trois nantais ont réussi une entrée  fougueuse à la fois sur la scène française  et européenne. De passage sur la côte à l’occasion de leur tournée, nous les avons rencontré. Autour d’une table et de quelques verres, nous avons donc fait la connaissance de Gaetan, Amael et Antonin, garçons aussi timides que désopilants. A quelques heures du concert, meme si les visages sont cernés derrière de grandes lunettes, l’enthousiasme est toujours présent.






Comme le font maintenant beaucoup de groupes français, vous avez commencé par  vous expatrier à l'étranger avant de connaître le succès en France. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

G: Pour nous, jouer à l'étranger, ça faisait partie d'une ambition. Quand on a débuté, on s'est beaucoup servi du net, de myspace notamment, pour se faire connaître. Petit à petit on a été contacté pour faire des concerts, on nous a proposé des dates dans des salles étrangères. Le phénomène de la french touch qui sévit depuis quelques années a eu des répercussions bénéfiques pour les groupes qui ont suivi Justice par exemple. C'est devenu plus simple de se produire à l'étranger. En ce qui nous concerne, c'est à force de faire des dates à l'étranger qu'on a été contacté par des labels.

Chanter en anglais ça faisait partie d'une stratégie ?

G: Je pense qu’on ne s’est jamais posé la question en ces termes, tant c’était une évidence. Notre culture est belle et bien anglo-saxonne et notre envie de proposer des textes en anglais était naturelle. Nous n'avons rien calculé. C’était le premier réflexe.
Pour moi, c'est aussi plus simple d'écrire en anglais. Je trouve qu'il existe une musicalité inhérente aux mots de cette langue. Ecrire en français n'est pas forcément facile, les retours sont tout de suite plus critiques.

Vous avez connu un réel buzz cet été avec le morceau "Hey you". Ca vous a mis la pression pour la suite ?

G: En fait on ne s’est pas vraiment rendu compte tout de suite de ce qui se passait. On bougeait pas mal en tournée et je crois que c’est réellement à Montreux qu’on a eu le déclic, quand le public s’est mis à chanter. On a un peu halluciné mais ça a été une bonne surprise, une motivation. On connaît maintenant l’attente du public, on en a pris conscience, ça nous permet de l’utiliser pour la scène.

Le public français est-il un bon public ?

G: C’était pas un public de « ouf » au début, comparé aux étrangers. En Allemagne par exemple, on a eu le droit à des publics déchainés, pire en Pologne. En France, on a vu le changement à la rentrée, après que Hey You ait bien cartonné tout l’été je pense. On s’est retrouvé à jouer devant des publics encore plus puissants qu’à l’étranger. Je pense à Montpellier notamment où c’était assez dingue. Avant les gens étaient plutôt statiques. Il y avait peut-être un éventuel pogo de temps en temps. Depuis quelques mois, on sent qu’ils participent vraiment, et un réel échange s’installe. Plus les gens sont à fond, plus on a envie de donner.

Comment appréhendez-vous votre concert de ce soir à Nice ?

G:On a bien fait la fête hier et on est fatigué, mais c’est bien il va falloir se surpasser (rires). Sinon, non, on n'a aucune appréhension particulière, aucun à priori sur le public. Bon quand on sait qui est votre maire…mais je voudrais pas parler politique…

On vous demande souvent d'où vient le nom du groupe. A vous croire, tout viendrait de la fameuse pub Juvamine ?

G:Il faut que je fasse la lumière sur ce que je raconte à un moment donné, parce que la vérité, c’est que je répond un peu n’importe quoi à chaque fois.C’est vrai qu'à l'époque, quand j'étais gamin, j'étais fasciné par cette pub. Je la voyais se répéter sans cesse et j’y trouvais quelque chose de vicieux. A chaque fois je me demandais si j'étais pas entrain d'halluciner et si j’étais pas le seul à la voir se répéter. J'imagine que c'était très efficace puisque c'est resté ancré dans nos mémoires. Du coup, on a voulu nous aussi tenté le truc, un peu à l'image de Talk Talk, Duran Duran...Mais en fait je crois que c’est un peu un échec puisqu' on s’aperçoit que les gens disent Pony Run Run. On lutte un peu. T’essayes d’être deux fois plus incident mais au final les gens retiennent deux fois moins...

 Vous venez tous des beaux arts, si la musique n’avait pas pris, vers quoi vous seriez vous redirigé?

G: On a toujours fait de la musique, et quand on a décidé de monter le groupe on ne s’est pas posé la question. On était motivés et on a fait que ça, on ne s’est jamais dit qu’on voulait faire autre chose. On a été très soutenu par notre entourage. Quand tu es honnête, je pense que tu peux avoir un seul propos artistique et plusieurs façon de l’exprimer. Aux beaux arts, on avait des méthodes de travail différentes les uns les autres. Il y avait un perfectionniste, un bordélique…aujourd’hui on use toujours de ça pour créer des notes, des mélanges de sons, ça donne des mixtures intéressantes.

Il y a tellement de groupes qui emergent aujourd’hui. Pour se démarquer, beaucoup essayent de se créer une indentité visuelle autour d’un style ou de personnages. Je pense aux Naïve New Beaters par exemple. Vous appliquez cette demarche ?

G: Pas du tout. A la base on ne voulait même pas se montrer, pas être représenté. D’où le fait qu’on n’apparaisse pas dans le premier clip. On voulait juste avoir un graphisme visible, seule image du projet PPRR. C’est vrai que des mecs comme les NNB jouent complètement sur le look et l’attitude, et je pense que ça doit représenter une bonne partie de travail. Mais pour nous ça ne fait réellement pas partie du truc. La musique peut se dégager de toute image. On a voulu se démarquer par le son et non pas par le style. On préfère prendre le temps de bosser sur un titre plutôt que de se prendre la tête à savoir si on a une bonne image. Il n’y a aucune maitrise de notre projet à ce niveau là. Rien de marketing.

Vos influences sont nombreuses, sur l’album on retrouve pas mal de styles différents. Ca ne vous agace pas qu’on essaye toujours de savoir dans quelle case vous placer ?

G: C’est clair qu’on nous pose souvent la question mais c’est bien parce que ça nous permet de creuser. On a tous des influences différentes. Mais on s’entend sur énormément de choses. Au final, on est définitivement « pop ». Après, on privilégie les morceaux, ils sont transportables et non pas figés dans une forme.

J'ai pu lire que vous aviez aussi des influences qui provenaient du zouk...

G:  Ouais je sais pas, c'est un don, je suis victime de mes bons et mauvais goûts. On s'en fou un peu en fait de savoir si ce qu'on aime c'est ringard ou branché, du moment que ça apporte quelque chose de positif à nos morceaux.
Antonin: Non mais c'est vrai on rigole mais la fois dernière je me suis surpris à aimer l'instrumentation d'une chanson de Francky Vincent. Un morceau qui parle de zizi, un truc aux paroles bien engagées tu vois. 

Vous avez récemment fait la première partie de Katty Perry. Ca peut paraitre surprenant. Comment s’est fait le deal ?

G: Elle nous a repéré via myspace. On a fait sa première partie à Glasgow à la fin de l’été.  C’était plutôt cool comme expérience. On a pas le même public mais les gens ont était réceptifs. On est pas vraiment fan de ce qu’elle fait mais on respecte son travail, et puis le plateau scène était plutôt agréable.

Petite question subsidiaire.  Après la main d’Henry la France entière se réveille divisée. Un avis sur cette tragique polémique ?

Je dis bravo. Henry, c’est deux fois mieux que Maradona.

Album : You need Pony Pony Run Run
www.myspace.com/ponyponyrunrun

M.L

08/11/2009

# 3 Interlude musicale / La playlist de Julien Lachaussée




Découvrez la playlist Julien Lachaussée avec Guns N' Roses

# 3 Rencontre avec Julien Lachaussée.




La vérité sans paillettes


Julien Lachaussée est un jeune photographe parisien de 33 ans. Notamment connu pour avoir collaboré avec la marque Edwin, le photographe révèle à travers ses clichés une fascination pour la rue et ses côtés sombres. Personnage à l'humour pourtant survoltant, il assume ses choix et ne s'en détourne pas. A contradiction avouée, interview décomplexée.



Autoportrait J.Lachaussée.


L'underground et les personnages dit marginaux constituent tes thèmes de prédilection. Pourquoi cette attirance ? 


Je viens de la culture du skate que j'ai énormément pratiqué étant jeune. J'ai donc beaucoup trainé dans la rue, les parkings, j'essayais de bouger un maximum dans les endroits un peu underground. Je connaissais pas mal de monde, j'avais des attaches. J'ai commencé à prendre des photos pour m'amuser et puis je me suis aperçu que ça me plaisait vraiment. J'ai fini par m'inscrire dans une école de photo. Par la suite, mettre en scène cet univers que j'avais tant côtoyé est devenu une évidence.


Ce que l'on retient le plus de toi, c'est ton travail autour du tatouage. 


Les gens ne s'intéressent souvent qu'à cette petite partie de mon travail. J'aime le tatouage car j'aime l'esprit rock et toutes ses déviances. C'est aussi devenu un phénomène de société intéressant à étudier. J'aime rechercher des gens qui ont une véritable histoire à raconter avec leurs tatouages. Parfois, à travers eux, on découvre une partie de leur personnalité insoupçonnée. C'est ce qui me plait.


Les tatoués, les gangs, la rue...ce sont des thèmes assez récurrents chez les photographes. A sujet banal, traitement exceptionnel. Comment penses-tu te démarquer ?


Je travaille sur un projet de livre. Je voudrais proposer des photos de gens tatoués qui viennent d'endroits divers: des bikers, des streap teaseuses, des bodybuilers, des videurs de clubs, des skinheads, des gens un peu "voyous". Le but étant de réussir à déchiffrer et comprendre les codes de chacun. Tout ça me passionne. A côté de ça, je ne cherche pas réellement à me démarquer. Je ne fais pas attention à ça, je ne regarde pas trop ce que font les autres. Généralement, c'est quand on cherche à se démarquer qu'on y arrive le moins.  J'essaye juste de faire mon travail le plus honnêtement possible, en tentant de mettre en avant le détail unique. Ces personnes aiment se faire différencier.





Tu es toi même tatoué ?


Oui, j'en ai quelques uns. Mais c'est perso. C'est mon petit univers à moi.


Paris et son élitisme branché. Tu as maintenant ta petite notoriété, et les approches doivent se faire. Tu n'as pas l'air intéressé?


C'est difficile de percer à Paris. Et comme tu dis, c'est assez élitiste, tout marche par le relationnel. Mon univers n'est pas simple à vendre ici. J'envisage plutôt de bouger à Londres ou aux Etats Unis où on offre plus de liberté.  Je travaille d'ailleurs avec le magazine anglais Sang Bleu en ce moment. C'est très enrichissant, ils sont ouverts et je peux leur proposer mon univers sans trop de pression. C'est important pour moi de garder une ligne qui soit la plus honnête possible. Je n'assumerai pas un cliché qui ne me ressemble pas.


Pourtant refuser des projets c'est refuser de l'argent ? C'est devenu compliqué de vivre de la photo.


On vient vers moi car on a aimé le travail que j'ai commencé. Les gens savent dans quelle culture je baigne. Je suis assez sélectif quant aux propositions que j'ai car je veux garder cette sincérité dont je parlais. Je pense qu'accepter une collaboration pour l'argent me causerait plus de tort qu'autre chose. L'aspect financier est certes un réel problème pour un photographe qui veut se lancer. Mais pour moi ça ne prime pas. J'aurai pris un chemin tout à fait différent si c'était le cas. Je ne veux pas faire de compromis car je veux rester le plus authentique possible. Je ne vais pas travailler en fonction de ce qui plait aux autres. Si tu commences à te vendre, tu t'enterres tout seul.








Dans ton parcours, il y a le facteur chance. Je pense à ta rencontre avec Jan Welters.


C'est vrai, on s'est rencontré vraiment par hasard après mon école photo. A l'époque je ne pensais pas encore en faire mon métier. Je faisais du skate mais il me fallait un truc plus constructif.  Je bossais dans une boutique Levi's dans laquelle il y avait une galerie. Une de mes collègues avait une amie dont le mari était Jan Welters. Je l'ai rencontré comme ça. Avec lui j'ai tout appris. Il a un super oeil, une vraie identité, il est très rock mais très humain. C'est un véritable photographe de mode. Quand j'ai arrêté de travaillé avec lui, j'ai eu beaucoup de mal à trouver ma propre identité car j'étais très imprégné de son travail. Mais il m'a poussé à continuer. C'est devenu un ami.



Cette attirance pour les personnages sombres est-il révélateur de ton état d'esprit ? Te sens-tu proche d'eux ?


J'adore m'amuser, je suis quelqu'un de très joyeux. Cet univers très sombre peut être destabilisant pour certains, mais je suis en décalage avec tout ça. C'est difficile de le faire passer. Ces gens ont fait un choix de vie. Se faire tatouer c'est un vrai choix, une direction. Et ils l'assument. De mon côté, j'essaye de faire ressortir un maximum d'informations à travers leur portrait. Ils ne se livrent pas tous de la même façon. Certains se confessent sur leur vie personnelle, leur orientation politique. Je ne suis pas forcément d'accord avec eux mais ça me donne des indications, des idées pour mettre en scène le sujet.  En fait, j'aime bien me mettre en porte-à-faux, c'est aussi ce qui me donne l'adrénaline.





Ces personnes dites marginales, mais qui sont en fait marginalisées par notre société, semble plutôt prendre nos préjugés à contre pied et s'en amuser. C'est ce qu'on ressent à travers tes photos.


Totalement. La majorité des personnes que je photographie sont drôles. On hésiterait à déconner avec eux au premier abord, mais je peux assurer que ce sont des personnes vraiment marrantes. Ces gens n'ont pas de frustration, ils sont épanouis. Ils le sont souvent bien plus que le mec dans son costume trop propre sur lui qui ne sait pas se lâcher.
Mais si j'apprécie qu'ils se prennent au jeu, ce que je respecte le plus, c'est qu'ils ont une vraie valeur. Ils tiennent parole, n'annuleront pas un shooting pour lequel ils ont donné leur accord.


Tu es passionné par la rencontre.


On ne peut pas faire de belles images sans qu'il y ait un rapport de confiance entre le modèle et le photographe. C'est important que le modèle se sente à l'aise. Il faut qu'il y ait un partage. Je ne fais pas de photo sur le vif. Je réfléchis à ce qu'on pourrait faire avec mon modèle. L'endroit est très important par exemple. Il faut qu'il y ait une histoire, que ça lui corresponde.
Les années que j'ai passé avec Jan, j'essaye de les appliquer dans mon travail aujourd'hui pour donner ce côté reportage esthétisé.


Quel est l'exercice de style que tu apprécies le plus en photographie?


J'aime beaucoup le portrait. Mais je commence à me diriger vers de nouvelles choses, notamment dans le life style où il y a plus de mise en scène. Je photographie aussi des voitures, les styles commencent à se diversifier de plus en plus.


Et parlons d'Edwin. Comment un jeune photographe débutant a-t-il réussi à décrocher une collaboration avec une marque de vêtement ?


J'ai rencontré les créateurs de la marque complètement par hasard. Une fois encore, par le biais d'une amie qu'on avait en commun. C'était l'une des rares fois où j'avais mon book avec moi, ils l'ont regardé et ont eu un coup de coeur. Ils m'ont alors proposé un projet que j'ai trouvé génial. J'avais carte blanche. On a rassemblé des gens à forte personnalité, avec des gueules comme on dit, pour en faire les stars d'une exposition itinérante. Certains portraits ont servi ensuite pour la nouvelle campagne de pub de la marque. Le but était de faire comprendre qu'Edwin était une marque pour tous. Ca a été une super expérience.





Tu travailles avec quel matériel?


Je travaille en argentique, au moyen format. Je trouve que c'est plus fort, plus fonctionnel. Je trouve le résultat beaucoup plus humain qu'un travail au numérique. C'est plus traditionnel, il y a plus de relief, plus de chaleur. Aujourd'hui tout va vite. Avec l'argentique, tu prends le temps de réfléchir. Et il y a le facteur risque qui me donne l'adrénaline.


Quelles sont tes références dans le métier? Un photographe que tu aimes en particulier ?


Je ne suis fan de personne. J'aime aller regarder à droite à gauche. A vrai dire, mon univers, mes inspirations viennent plus du cinéma et de la musique que de la photographie en elle-même. Et ça peut aller du plus ringard au plus acclamé! J'adore le kitch, j'adore la culture américaine, les teen movies. Dans mes clichés j'adore cassé le côté dur avec un trait d'humour.


Quel regard portes-tu sur l'évolution de la photographie? On peut constater un intérêt grandissant pour le genre. Penses-tu qu'il y aient beaucoup d'impostures?


Je me sens de moins en moins concerné. Je ne vais plus sur les salons de photo qui sont devenus à mon sens des salons d'informaticiens. On n'y vend plus de matériel qu'on n'y parle vraiment photo. C'est pour les nerds.
Beaucoup de gens se lancent dans la photographie du jour au lendemain. J'essaye de ne pas y penser, ça me déprime! La photographie est un métier noble et on est entrain de le piétiner. Il n'y a rien de tel qu'un beau tirage, un beau papier, et un travail d'équipe. Aujourd'hui, tu fais 300 photos à partir d'un numérique avant d'être satisfait et encore, tout est retouché.


Tu ne retouches pas tes photos?


Je ne retouche rien du tout. A part quelques petits contrastes comme tout le monde. Mais sinon non. J'aime le côté imparfait de la photo. Je ne fais pas de la mode, je ne cherche pas à embellir le plus possible mon cliché. Le défaut de la photo c'est aussi ce qui va lui donner son charme. C'est comme dans la vie. A trop vouloir rendre la photo parfaite, on finit par délivrer une photo qui n'est pas du tout représentative de la réalité.


Une photo d'un autre que tu aurais aimé faire ?


Je suis trop dans mon cocon pour ça. Je suis content des belles choses, ça fait du bien. Mais je n'ai ni envie ni regrets. Je ne me dis pas que tout a été fait, mais que tout est à refaire. Les gens vieillissent, prennent des rides, les traits changent. Je me demande alors ce que je pourrais faire pour proposer mieux.


Une photo que tu rêverais de faire ?


J'adorerais pouvoir travailler avec Mickey Rourke ou Calvin Russel. Ils ont un passé, des histoires riches. J'espère que ça constituera une partie de la suite de mon travail.


Un conseil à donner aux photographes débutants ?


Je n'ai pas vraiment de conseils à donner, je suis encore au début. Mais ce que je peux tirer de mon expérience, c'est qu'il faut faire ce travail avec humilité et prendre un maximum de plaisir. C'est un milieu tellement difficile qu'on est vite découragé, notamment par le côté financier dont on parlait plus tôt. Il faut avoir des gens autour de soi, des amis, de la famille, qui nous encouragent, qui nous disent qu'ils croient en nous. Il faut être passionné pour ne pas abandonner. 


Tu es photographe, mais tu refuses qu'on te prenne en photo...


C'est vrai que je n'aime pas trop qu'on me prenne en photo. Je suis très difficile, très critique. Et certainement pas encore assez vieux pour être intéressant. A 50 ans qui sait.
Dans ce métier on a des retours assez vite, c'est donc important de pouvoir contrôler son image et de le faire bien. Je n'aime pas que les choses soient déformées.


Tu nous disais un peu plus haut que tes inspirations venaient plutôt de la musique et du cinéma. Quelles sont tes références ?


Je suis ultra fan de musique! J'écoute tout sauf du rap et de la techno. J'aime le Hip Hop pour son côté esthétique mais musicalement parlant, ça ne me donne pas de frissons. J'adore les groupes de rock des années 80 du genre Guns N' Roses, tu vois les mecs avec leurs cheveux longs et leur guitare. J'aime aussi beaucoup Chet Baker. Tiens lui j'aurai adoré faire son portrait par exemple. Il avait une identité que j'aime vraiment. Un charisme. Quand tu t'intéresses à sa musique, tu es obligé de t'intéresser à sa vie. Je te conseille de voir le film Let's get lost, inspiré de sa vie. C'est intense.
En France niveau musique c'est flippant. Ca me déprime. Bashung était super. Daniel Darc j'aime bien, en tant que personnage il dégage.
Sinon...on ne rigole pas mais j'aime bien Florent Pagny.


C'est dur de se retenir...


Ouais d'accord. Et puis non j'assume ! Je trouve qu'il a des couilles ce mec. La Patagonie, sa chanson sur le fisc...il a tenté le truc.


Et niveau cinéma ? 


J'adore Platoon. Et je suis fan de Johnny Depp, je dirai donc Edward aux mains d'argent. Je peux aussi dire Rambo et Conan le barbare...


Non...


Ca déchire ! Le film de ma vie c'est les Gremlins. Je l'ai vu 30 ou 40 fois. 
Je suis une contradiction permanente ! 


www.julienlachaussee.com
www.myspace/julienlachausse.com


M.

21/10/2009

# 2

Featuring Time

Dire que les périodes les plus sombres d’une vie sont souvent les plus inspiratrices est un bien mauvais cliché. Pourtant, rendons-nous à l’évidence, jamais crise n’aura été aussi propice à l’émergence de génie que celle que nous vivons aujourd’hui. Comme s’il fallait être au pied du mur pour réagir, comme si du doute se créait la surprise, l’incertitude des esprits a fini par provoquer le rassemblement des talents. Si l’industrie de la musique, en péril, ne peut pas compter sur ses grands pontes financiers pour se relever, elle sait en attendant résister en son cœur grâce à l’intelligence d’artistes audacieux, pour qui régaler et surprendre nos oreilles est encore une priorité. En cette fin d’année, la solution passe par la collaboration.


Ca commence par une info relevée sur le site d’un magazine branché : Jack White, Jimmy Page et The Edge, réunis pour les biens faits d’un documentaire. Trois pointures, trois univers, trois générations qui se rencontrent, le tout porté à l’écran par David Guggenheim, on sent soudain notre curiosité comme étant disons…légèrement titillée. Comme un gosse qui se précipiterait dans le jardin un jour de Pâques, on s’empresse illico presto d’entamer quelques recherches. La chasse au scoop a commencé. Sans trop de difficultés, c’est sur Youtube, boîte magique à la Mary Poppins, que notre excitation trébuche. La bande annonce d’It might get loud est disponible. On clique, et voilà comment on assiste à la rencontre de trois monstres de la musique, qui simplement, profitent d’une retraite à la campagne pour échanger trucs et astuces autour de la guitare. On se la repasse une fois, deux fois, on en veut plus. En deux minutes, on a compris qu’on avait affaire à une petite merveille. Fidèle à nous-mêmes, en bon dénicheur de perle rare, on se veut le premier sur le coup. Alors, on fouine un peu du côté des interdits, on traîne de ci de là…rien. Pas une image supplémentaire n’a filtrée. Le pirate (honteux) que nous sommes est déçu. Il faudra bien attendre patiemment la sortie officielle du dit documentaire pour en prendre plein les yeux. Malheureusement, comme pour nous faire saliver davantage, aucune date de sortie n’est encore communiquée pour le public français.




A peu près dans le même temps, on apprend que Jack White s’est essayé à de nouvelles infidélités musicales, loin de Meg. Après avoir revisité le blues au sein des Raconteurs, voici Jack, père fondateur des Dead Weather. Composé de la chanteuse ALisson Mosshart des Kills, du guitariste Dean Fertita des Queens of the Stone Age et du bassiste Jack Lawrence des sus cités Raconteurs, The Dead Weather offre aux amateurs de rock en tout genre une collaboration choc, à la fois inattendue mais réussie. Une première bonne surprise qui nous sauve d’un été un peu trop calme.







En plein mois d’Aout, on a à peine le temps d’évacuer la chaleur, qu’entre deux baignades il nous tombe dans les oreilles une information brulante : Josh Homme, le meneur des Queens of the Stone Age à son tour délaisserait ses compères pour une autre partie à trois. A ses côtés, pas moins que Dave Grohl, ancien Nirvana et actuel Foo Fighters, et John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin. Them Crooked Vultures, c’est le nom du groupe, créé le buzz en jouant les invités surprises lors du Festival Rock en Seine. La machine est lancée. Sur le net, on s’affole, à la recherche du moindre live enregistré. Le son est lourd, la marque Homme intacte, le mélange efficace.



Alors que d’un point de vue musical on s’enfonçait dans une année plutôt moyenne, une lueur d’espoir ressurgit soudain. Déçus par les derniers opus de certains intouchables, gavés par les redondances navrantes de chanteuses (trop) blondes, c’est avec délivrance et délectation qu’on a laissé les riffs de guitare secouer notre fin d’été. Comme pour braver l’ennui, comme pour se sauver d’une lassitude trop éventuelle, ces artistes ont trouvé dans l’union non pas la force mais le génie.


Certes, on aurait tendance à penser que le featuring est ni plus ni moins un acte marketing bien pensé. Un passage emprunté par des artistes feignants, en manque d’nspiration, ou bien encore en mal de reconnaissance ou sur le retour. Depuis la fin des années 90, les albums dédiés à la formule du duo se sont multipliés. Et ça fonctionne. Même pour un titre. Dans la catégories des gros vendeurs internationaux, ça se bouscule; à tel point qu'on se croirait pris à témoin d'une bataille musicale pathétique, tant tous, en cherchant à surprendre, ont fini par se rendre bien souvent ridicules. Les collaborations pulullent, il n’y a qu’à observer: Madonna s'acoquine avec Justin après avoir libertiné avec Britney. Shakira danse avec Beyonce après avoir séduit Wyclef Jean. P Diddy joue les durs au coeur tendre avec Christina puis Nicole, Bono embarque Mary J Blige dans sa pop sucrée...Les exemples sont inombrables. Ce que ces artistes ont bien intégré, c'est que cette stratégie pouvait leur rapporter gros. Deux artistes, deux univers, deux publics: deux fois plus de ventes. La recette d’un succès facile, proposée par ces stars à paillettes, nous fait alors nous demander s’il reste un peu de passion et de sincérité derrière tout ça.

En effet, si faire se rencontrer deux artistes autour d’un même titre n’est pas une manœuvre nouvelle, on est malgré tout très loin de la magie que pouvait provoqué une rencontre entre un Mac Cartney et un Jackson ou un duo Bowie / Queen. L'émotion provoqué n'est plus la même, on ne joue cependant pas dans la même catégorie, soyons clair. Ne mélangeons pas tout. A l'époque, ces artistes, précurseurs, osaient déconcerter un public sans se soucier de la critique. Le respect et l'admiration réciproques que se vouaient ces icônes les poussaient à donner le meilleur d'eux même sans ne jamais chercher à s'imposer. L'égo ne laissant la place qu'au talent, le mélange des genres, du style, apparaissait dès lors comme évident et facile à opérer. Des expériences prodigieuses qui auront donné naissance à de petits bijoux, incontournables et intemporels.

Aujourd'hui, seul le rock semble encore pouvoir nous bluffer. Après les très prolifiques Jack White et Josh Homme, voici qu'arrive le projet Blakroc, ou le dernier concept détonnant des Black Keys. Une production maison signée Dan Auerbach et Patrick Carney, disponible fin novembre mais déjà annoncée comme la petite bombe de cette fin d'année. Au programme : la rencontre toute aussi inespérée que surprenante du blues rock et du hip hop. Ou comment les deux acolytes d'Akron relève le pari de l'impossible en posant les voix de la crème du hip hop US actuel sur leurs sons de guitare. 11 artistes, 11 jours de studio pour 11 titres, c'est l'aventure hallucinante que vous pouvez découvrir au travers des making offs disponibles sur la toile. Avec rien de moins que Mos Def, RZA, Jim Jones ou encore Raekwon pour cobayes, les Black Keys frappent un grand coup.

Prendre la crise à contre pied et continuer de kiffer, voilà comment lutter.







11/08/2009

# 1 - Pantiero 2009 / Interlude musicale : La Playlist de Jean Marie Sevain

Quelques titres des artistes qu'il aurait aimé programmer cette année. Découvrez ce que vous avez manqué.



Découvrez la playlist Jean Marie Sevain avec Phoenix

# 1 - Pantiero 2009 / Day 4 Part. 1



Sur la même longueur d’ondes


Un petit quart d’heure s’est écoulé depuis la fin des balances que les membres de The Oscillation se livrent déjà au rituel des questions – réponses. Et ils sont tous là : Demian, Tom, Jon et Mark qui ferme la marche, une pomme à la main. C’est bien connu même chez les formations les plus psyché : One apple a day keeps the doctor away...



©New Release / J.B (capture écran)


La première question qui me vient à l’esprit c’est celle de la différence entre votre son studio et le son que vous avez en live. Comment expliquez-vous des univers sonores aussi distincts ?

C’est plus « rocky », voire punk rock quand on est sur scène... Ca vient surtout du fait que Demian écrit les chansons tout seul et qu’ensuite on les travaille en groupe pour les jouer en live. C’est pourquoi elles sonnent différemment. Nos chansons ont principalement la même structure sur le disque qu’en live. Ca nous sert de base pour partir en improvisation et on se permet ensuite d’aller beaucoup plus loin. Mais on utilise toujours les mêmes effets et les mêmes instruments.

J’ai une question spéciale pour Mark… est-ce que ce n’est pas trop dur d’être au saxo et au clavier dans un groupe comme celui-ci, à tendance Krautrock ? Comment cela se passe t-il avec vos morceaux, les arrangements…

Eh bien, souvent nous jouons avec beaucoup d’effets sur les voix, etc. On essaie des choses très différentes, de mixer plusieurs effets pour rendre quelque chose qui ne soit pas un son « standard ». On essaie de garder le tout dans notre sphère de musique, en conservant notre style un peu fou, psychédélique…

Utilisez-vous des samples pour enrichir vos prestations ?

Oui, en effet. On utilise des samples qui mélangent certains effets comme si on avait quatre ou cinq claviers en même temps. Mais ce sont des samples que nous créons nous même, non pas des morceaux récupérés chez d’autres artistes – pas comme les DJ’s, ndlr.

Que pensez-vous du Festival du Pantiéro et du public français ?
Pour une fois on joue au soleil, en extérieur, ça change car on tourne généralement en Europe du Nord. Quand on joue en Angleterre, les scènes sont beaucoup plus fragmentées, c’est sectaire… Les gens viennent vous voir sans vous écouter, ils sont souvent bourrés et s’en foutent un peu. Surtout si vous passez sur scène après un DJ.

Avez-vous des influences musicales françaises ?

En France ? Zombie Zombie, Jacques Brel, et plein d’autres artistes français…

C’est drôle parce qu’après Fujiya & Miyagi et The Chap, vous êtes les troisièmes à nous parler de Brel… Vous êtes tout juste dans l’esprit Pantiero. Et pourtant vous ne comprenez pas les paroles ?
Oui, on n’a pas de traductions mais c’est la production de ces années qui était remarquable. Dans les années 70 et même avant. Ils arrivaient même à intégrer des sons de différentes musiques et ils étaient en avance sur leur temps.

Greg

10/08/2009

# 1 - Pantiero 2009 / Day 3 Part. 2



Le Pantiero jette son Flow !

Au programme de cette soirée, du Hip/Hop… sauce Pantiero ! Il faut donc s’attendre à des collisions de style entre Rap old school, Electro, et Afrobeat. La programmation en tout cas, fait saliver plus d’un pantieriste à casquette de travers.


Alors que le dj de Kid Acne chauffe tranquillement le public épars, on imagine que de nombreux pantieristes ont certainement été démotivés par la pluie en milieu de journée. Un rappeur acolyte de Kid Acne fait irruption sur scène avec un beatbox prodigieux avant que Kid Acne lui-même finisse par arriver. Il affiche une belle moustache à l’anglaise et un béret bien français. Son flow typiquement anglo-saxon s’étale sur des mix entre Hip/Hop et rock, pour un show plein d’énergie rappelant les Beastie Boys.


Dans la foule, on entend parler d’un certain Krazy Baldhead. « J’connaît pas. Il vient d’Ed Banger non ? C’est un pote de Justice s’il faut ». Un grand homme vêtu d’un t-shirt rouge monte sur scène…Ses mix sont dépaysants, dansants à faire remuer un arbre centenaire, et imprévisibles. Le rappeur Beat Assaillant et le chanteur Outlines le rejoignent pour quelques déclinaisons Hip/Hop. La bonne surprise de la soirée, surtout que le bonhomme est un exemple de gentillesse et de simplicité.



©New Release / J.B


La tension monte d’un cran, la fosse se remplie ; on attend Yo ! Majesty. Le sulfureux duo, particulièrement attendu par les initiés, n’arrivera qu’à moitié. Seul Jwl B, se présente sur scène. Elle se démène, s’époumone dans son micro remue en tous sens mais rien n’y fait. Il manque une voix pour habiller les rythmiques crunk de Yo ! Majesty.



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23 heures passées, et tout le monde attend Lady Sovereign de pied ferme. Tenue en haute estime Outre-Manche, la demoiselle se fait attendre. Longtemps. Le concert démarre donc sans elle, les machines s’occupent du son, et un micro sur pied est la seule chose à regarder sur scène. Elle arrive au milieu d’un morceau, seule sur scène avec pour compagnon de fortune son micro. Elle ne s’économisera pas pour excuser son retard, même si le rap espiègle de la londonienne laisse un goût de déjà entendu dans les oreilles.



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Maxime
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