20/11/2009

# 5 Interview de Pony Pony Run Run



PPRR: pop amusée et assuméé

Parce qu'ils ont déversé tout l’été leur pop sucrée légère et dynamisée dans nos oreilles, les Pony Pony Run Run sont les nouveaux responsables de notre envie d’exil exotique.
Avec leur premier titre Hey you, les trois nantais ont réussi une entrée  fougueuse à la fois sur la scène française  et européenne. De passage sur la côte à l’occasion de leur tournée, nous les avons rencontré. Autour d’une table et de quelques verres, nous avons donc fait la connaissance de Gaetan, Amael et Antonin, garçons aussi timides que désopilants. A quelques heures du concert, meme si les visages sont cernés derrière de grandes lunettes, l’enthousiasme est toujours présent.






Comme le font maintenant beaucoup de groupes français, vous avez commencé par  vous expatrier à l'étranger avant de connaître le succès en France. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

G: Pour nous, jouer à l'étranger, ça faisait partie d'une ambition. Quand on a débuté, on s'est beaucoup servi du net, de myspace notamment, pour se faire connaître. Petit à petit on a été contacté pour faire des concerts, on nous a proposé des dates dans des salles étrangères. Le phénomène de la french touch qui sévit depuis quelques années a eu des répercussions bénéfiques pour les groupes qui ont suivi Justice par exemple. C'est devenu plus simple de se produire à l'étranger. En ce qui nous concerne, c'est à force de faire des dates à l'étranger qu'on a été contacté par des labels.

Chanter en anglais ça faisait partie d'une stratégie ?

G: Je pense qu’on ne s’est jamais posé la question en ces termes, tant c’était une évidence. Notre culture est belle et bien anglo-saxonne et notre envie de proposer des textes en anglais était naturelle. Nous n'avons rien calculé. C’était le premier réflexe.
Pour moi, c'est aussi plus simple d'écrire en anglais. Je trouve qu'il existe une musicalité inhérente aux mots de cette langue. Ecrire en français n'est pas forcément facile, les retours sont tout de suite plus critiques.

Vous avez connu un réel buzz cet été avec le morceau "Hey you". Ca vous a mis la pression pour la suite ?

G: En fait on ne s’est pas vraiment rendu compte tout de suite de ce qui se passait. On bougeait pas mal en tournée et je crois que c’est réellement à Montreux qu’on a eu le déclic, quand le public s’est mis à chanter. On a un peu halluciné mais ça a été une bonne surprise, une motivation. On connaît maintenant l’attente du public, on en a pris conscience, ça nous permet de l’utiliser pour la scène.

Le public français est-il un bon public ?

G: C’était pas un public de « ouf » au début, comparé aux étrangers. En Allemagne par exemple, on a eu le droit à des publics déchainés, pire en Pologne. En France, on a vu le changement à la rentrée, après que Hey You ait bien cartonné tout l’été je pense. On s’est retrouvé à jouer devant des publics encore plus puissants qu’à l’étranger. Je pense à Montpellier notamment où c’était assez dingue. Avant les gens étaient plutôt statiques. Il y avait peut-être un éventuel pogo de temps en temps. Depuis quelques mois, on sent qu’ils participent vraiment, et un réel échange s’installe. Plus les gens sont à fond, plus on a envie de donner.

Comment appréhendez-vous votre concert de ce soir à Nice ?

G:On a bien fait la fête hier et on est fatigué, mais c’est bien il va falloir se surpasser (rires). Sinon, non, on n'a aucune appréhension particulière, aucun à priori sur le public. Bon quand on sait qui est votre maire…mais je voudrais pas parler politique…

On vous demande souvent d'où vient le nom du groupe. A vous croire, tout viendrait de la fameuse pub Juvamine ?

G:Il faut que je fasse la lumière sur ce que je raconte à un moment donné, parce que la vérité, c’est que je répond un peu n’importe quoi à chaque fois.C’est vrai qu'à l'époque, quand j'étais gamin, j'étais fasciné par cette pub. Je la voyais se répéter sans cesse et j’y trouvais quelque chose de vicieux. A chaque fois je me demandais si j'étais pas entrain d'halluciner et si j’étais pas le seul à la voir se répéter. J'imagine que c'était très efficace puisque c'est resté ancré dans nos mémoires. Du coup, on a voulu nous aussi tenté le truc, un peu à l'image de Talk Talk, Duran Duran...Mais en fait je crois que c’est un peu un échec puisqu' on s’aperçoit que les gens disent Pony Run Run. On lutte un peu. T’essayes d’être deux fois plus incident mais au final les gens retiennent deux fois moins...

 Vous venez tous des beaux arts, si la musique n’avait pas pris, vers quoi vous seriez vous redirigé?

G: On a toujours fait de la musique, et quand on a décidé de monter le groupe on ne s’est pas posé la question. On était motivés et on a fait que ça, on ne s’est jamais dit qu’on voulait faire autre chose. On a été très soutenu par notre entourage. Quand tu es honnête, je pense que tu peux avoir un seul propos artistique et plusieurs façon de l’exprimer. Aux beaux arts, on avait des méthodes de travail différentes les uns les autres. Il y avait un perfectionniste, un bordélique…aujourd’hui on use toujours de ça pour créer des notes, des mélanges de sons, ça donne des mixtures intéressantes.

Il y a tellement de groupes qui emergent aujourd’hui. Pour se démarquer, beaucoup essayent de se créer une indentité visuelle autour d’un style ou de personnages. Je pense aux Naïve New Beaters par exemple. Vous appliquez cette demarche ?

G: Pas du tout. A la base on ne voulait même pas se montrer, pas être représenté. D’où le fait qu’on n’apparaisse pas dans le premier clip. On voulait juste avoir un graphisme visible, seule image du projet PPRR. C’est vrai que des mecs comme les NNB jouent complètement sur le look et l’attitude, et je pense que ça doit représenter une bonne partie de travail. Mais pour nous ça ne fait réellement pas partie du truc. La musique peut se dégager de toute image. On a voulu se démarquer par le son et non pas par le style. On préfère prendre le temps de bosser sur un titre plutôt que de se prendre la tête à savoir si on a une bonne image. Il n’y a aucune maitrise de notre projet à ce niveau là. Rien de marketing.

Vos influences sont nombreuses, sur l’album on retrouve pas mal de styles différents. Ca ne vous agace pas qu’on essaye toujours de savoir dans quelle case vous placer ?

G: C’est clair qu’on nous pose souvent la question mais c’est bien parce que ça nous permet de creuser. On a tous des influences différentes. Mais on s’entend sur énormément de choses. Au final, on est définitivement « pop ». Après, on privilégie les morceaux, ils sont transportables et non pas figés dans une forme.

J'ai pu lire que vous aviez aussi des influences qui provenaient du zouk...

G:  Ouais je sais pas, c'est un don, je suis victime de mes bons et mauvais goûts. On s'en fou un peu en fait de savoir si ce qu'on aime c'est ringard ou branché, du moment que ça apporte quelque chose de positif à nos morceaux.
Antonin: Non mais c'est vrai on rigole mais la fois dernière je me suis surpris à aimer l'instrumentation d'une chanson de Francky Vincent. Un morceau qui parle de zizi, un truc aux paroles bien engagées tu vois. 

Vous avez récemment fait la première partie de Katty Perry. Ca peut paraitre surprenant. Comment s’est fait le deal ?

G: Elle nous a repéré via myspace. On a fait sa première partie à Glasgow à la fin de l’été.  C’était plutôt cool comme expérience. On a pas le même public mais les gens ont était réceptifs. On est pas vraiment fan de ce qu’elle fait mais on respecte son travail, et puis le plateau scène était plutôt agréable.

Petite question subsidiaire.  Après la main d’Henry la France entière se réveille divisée. Un avis sur cette tragique polémique ?

Je dis bravo. Henry, c’est deux fois mieux que Maradona.

Album : You need Pony Pony Run Run
www.myspace.com/ponyponyrunrun

M.L

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