07/08/2009

# 1 - Pantiero 2009 / J-1 Part. 1


Jean Marie Sevain : prog’géniteur

Ancien Dj résident à Londres, organisateur de soirées sur la ville de Lyon, Jean Marie Sevain est depuis huit ans le maître programmateur du Pantiero. Consommateur insatiable de musique, dénicheur de bons sons, ce cannois d’origine témoigne d’une culture musicale impressionnante. Pas étonnant donc que ce passionné s’engage chaque année à produire pour le Pantiero une liste d’artistes sans fausse note.



©New Release / J.B


Alors JM, à J-1, tu te trouves dans quel état d’esprit ?

Plutôt pas mal. On annonce du beau temps, tous les groupes seront présents, ca s’annonce bien.

Tu m’as l’air plutôt détendu, aucune pression à l’horizon ?

Tu sais, le travail se fait beaucoup en amont. Ca fait des mois qu’on bosse sur ce Festival, aujourd’hui je suis satisfait de voir que tout prend forme comme je le souhaitais, sans aucun souci majeur. Et puis, c’est tout de même la huitième édition, je suis bien rodé maintenant. Non franchement, aucune pression, il n’y a plus qu’à laisser les artistes faire le show. La seule chose que j’espère, c’est qu’il n’y ait aucun problème technique.

La programmation de cette année laisse l’impression d’être plus éclectique, moins focalisée sur l’électro par rapport aux éditions précédentes…

Je voudrais remettre les choses à leur place sur ce point : le Pantiero, contrairement à ce qui se dit, n’est pas un festival électro. Mes goûts en matière de musique sont bien trop larges pour ça. A la base d’ailleurs, mes influences sont plutôt rock. J’ai tenté plusieurs fois pour les éditions précédentes de monter une scène rock, mais ca n’a jamais pu se faire, pour des tas de raisons. J’en reste toujours un peu frustré. Après, c’est vrai qu’il y a une attente électro de la part du public, surtout depuis Justice. Mais cette année j’ai eu envie d’en sortir un peu, et puis, il faut dire que du côté de la scène électro l’année a été plutôt calme, pas super novatrice. Pareil pour le Hip hop, je trouve que ça commence à tourner un peu en rond.

Comment t’y prends-tu pour monter ta programmation ? Est-ce que ca part d’une stratégie, d’un coups de cœur… ?

J’aime qu’il y ait une logique, une passerelle entre les divers groupes. Cette année, je voulais vraiment essayer d’intégrer une scène rock, donc j’ai réfléchi en ces termes. Ensuite, ça peut partir d’un coup de cœur pour un petit groupe. Je sais qu’une tête d’affiche est la locomotive qui tire le reste, mais je veux aussi faire découvrir des sons nouveaux au public. Généralement, je commence à prendre des contacts en décembre. Mais arrivé en mai, tu peux être sûr que j’ai plus du tout les mêmes noms.
Certains groupes que je vise au départ peuvent s’avérer être au final trop cher pour mon budget ou bien déjà pris sur d’autres festivals. Ce sont des contraintes auxquelles on doit faire face. J’aurais aimé pouvoir faire jouer Gossip ou Phoenix par exemple. Malheureusement le premier me réclamait l’équivalent de la moitié de mon budget et le deuxième est au Japon.

Avec Ebony Bones, Lady Sovereign ou encore Yo !Majesty, le festival fait la part belle aux filles cette année, une volonté de ta part ?

On m’a fait la réflexion déjà plusieurs fois. Seulement, il se trouve que c’est vraiment un pur hasard. Ce que je peux en dire en tout cas, c’est qu’on n’a pas choisi les plus faciles…et qu’il va falloir en surveiller quelques unes.

C'est-à-dire ?

Disons que les artistes ont des réputations. Dans le milieu, on sait plus ou moins comment se comporte tel ou tel artiste en concert ou en backstage. Et en ce qui concerne les filles citées, on sait déjà qu’on aura le droit à des caprices, des exigences et peut-être même bien des dérapages sur scène.

De tous les artistes présents, le plus attendu reste sans doute MR Oizo, qui offre au Pantiero sa seule représentation française. Comment s’est fait le deal ?

Il se trouve que je suis bon pote avec son manager qui vient tous les ans au festival. Je les savais tous les deux en vacances ensemble dans la région, j’ai proposé, ils ont accepté tout de suite, ça s’est vite réglé. Pour nous c’est vraiment positif, parce qu’on sait qu’il se produit peu.

Le public cannois à la réputation d’être difficile à motiver. Est-ce que c’est une impression que tu partages ?

Je ne sais pas si c’est le public qui n’est pas demandeur ou si c’est dû au fait qu’il y ait un manque d’initiative de la part des acteurs locaux. En même temps, musicalement, beaucoup d’efforts ont été faits ces dernières années à Cannes, on le voit avec les plages électroniques ou le Palais. Il se passe des choses et ça marche plutôt bien.

Certains parlent d’un esprit cannois élitiste…
Ma programmation aussi est élitiste ! Pour le coup, j’assume totalement. Mon but c’est de proposer des choses novatrices. Il y a une tradition avant gardiste dans cette région, c’est l’identité même de Cannes de vouloir se mettre en avant. On joue nous aussi là-dessus. Encore une fois, mon but n’est pas de faire de la billetterie en programmant Julien Doré par exemple. Ma programmation peut sembler élitiste, je tends simplement à garder une esthétique qu’on a envie d’avoir. Je crois d’ailleurs n’avoir jamais eu un reproche ou une critique négative à ce sujet.

J’ai entendu dire qu’il t’arrivait de programmer des artistes que tu n’avais jamais vu en concert, c’est un pari risqué non ?
C’est vrai. Cette année The Oscillation et Lady Sovereign vont être une vraie surprise.
La prise de risque, ca fait aussi partie du jeu.

Marine
©New Release

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