09/08/2009

# 1 - Pantiero 2009 / Day 2 Part. 3


Pour le meilleur et par le Pier

Installés sur un canapé noir dont le vieux cuir a sans doute vu plus de derrières de rockstars que de raison, les Late of the Pier ont la fière allure des post-ados anglais. Slim étriqué, look nostalgique, la vingtaine heureuse entamée par tous les bouts. Mais, même lorsqu'elle se déroule dans les meilleures conditions, il peut arriver que durant une interview, un long silence s'installe avant l'habituel défilé de questions à la prononciation incertaine. Un moment difficile à vivre, fait d'hésitation et de honte, durant lequel chacun des deux partis évite de se faire remarquer. C'était le cas, loge 4. 10, peut-être 20 secondes auront été nécessaires au bassiste, Andrew, pour élever la voix et finalement ne rien dire, mais l'échange était lancé: "on transpire mais on est plutôt bien ici". Red Dog pose ses baguettes, Potter range une mèche derrière une oreille, Samuel (le leader) essuie une goutte de transpiration du coin de son t-shirt vintage. L'interview à quatre voix de Late of the Pier peut commencer.



©New Release / J.B


On raconte que le nom Late of the Pier vient d'une inscription sur une boîte à chaussures et que c'est en allant au Liars Club de Nottingham que vous avez décidé de créer un groupe, quelle est votre version?

On a plusieurs histoires,qui sont toutes vraies. Mais pour ne pas faire de jaloux parmi nous, et surtout ne pas causer de blessures inopinées entre membres du groupe, on en a inventé une publique. La boîte à chaussures, c'est un peu ma théorie perso sur Late of the Pier. Quant à l'envie de faire de la musique, je pense que tout est venu bien avant le Liars Club. A l'école, aucun de nous ne se sentait vraiment intégré et se voyait mal, adulte, aller au boulot en costard cravate. On était d'accord là dessus. On voulait faire de la bonne musique.

Vous avez également des pseudonymes trés particuliers, Samuel Dust, Red Dog Consuela, Jack Paradise, Francis Dudley Dance, pourquoi ces noms supplémentaires alors que tout le monde vous connaît comme Samuel, Ross, Potter et Andrew?

On a vécu dans des petits villages, on voulait se donner un style particulier. Pour, peut-être, se réhabiliter par rapport à des groupes venus de la capitale. Potter : " chez moi, Jack Paradise vient d'un bombardier, l'image m'a frappé, je l'ai gardée". Andrew : "moi j'ai volé son pseudo à un mec, je le trouvais cool, c'est illégal?" Samuel : pour ma part, Dust vient des "Dusty Chairs" qui traînent dans mon jardin...

Vous avez créé votre propre label, ZarCorp, pour ne pas dépendre de l'industrie du disque. Quelle peur en avez-vous?
Notre groupe vit plutôt en reclu, mais on l'assume et on chérit cette habilité à rester loin de tout ce qui se dit, se chante ou se joue dans l'industrie. Dans notre monde, on est en sécurité. A vrai dire, on n'a jamais voulu intégrer l'industrie des groupes pops, qui nous aurait bridé artistiquement parlant. Ce qu'on veut, c'est faire de la bonne musique, et continuer à le faire autant qu'on en aura envie. Si ce qu'on a fait nous satisfait, on passe à autre chose. Tant que cette façon de progresser durera, on prendra le temps de faire les choses à notre façon.

Mais, comme les médias, il faut bien approcher les grandes boîtes tôt ou tard non?

On compte quand même sur des gens compétents venus du monde de la musique. Avant eux, on était juste des gamins qui faisaient tourner une démo. Ca n'a rien à voir aujourd'hui. On est cependant restés les mêmes. Comme tout artiste, on veut contrôler l'intégralité du processus de fabrication de notre oeuvre. On se soucie de la musique quand l'industrie n'a d'intérêt que pour le reste.

Justement, le DJ londonien Erol Alkan est votre producteur attitré, comment ça se passe avec lui?

On l'a pas mal harcelé quand il jouait pour lui demander de passer nos cassettes. S'il aimait la bonne musique, il apprécierait sûrement ce qu'on faisait. Puis, il nous a approchés. On l'intéressait visiblement depuis un moment, il avait des idées par centaines. Erol Alkan est un producteur brillant, l'un des derniers "bons" de l'industrie. Il te donne la chance de t'exprimer et de laisser libre cours à tes envies. Une heure avec lui apporte toujours quelque chose de bon à la fin. Il nous a beaucoup donné et d'une façon ou d'une autre, il sera toujours impliqué dans nos projets.

Romain
©New Release

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